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Portrait de Bruno Cuzzicoli, premier tatoueur de France

Rédigé par Tattoocontact

Jadis le tatouage était interdit par la loi en France. C’était en effet une pratique que seuls les durs, comme les prisonniers ou les filles de joie, osaient. Une façon pour eux d’exprimer leur liberté malgré leur situation. Les tatoués étaient même mal vus par la société, qui s’était même mise à stigmatiser cet art. Mais grâce à un héros appelé Bruno Cuzzicoli, le tatouage a finalement été légalisé en France.


L’homme qui a choisi l’épiderme pour toile

Sans Bruno Cuzzicoli, ces nombreux salons de tatouage qu’on trouve aujourd’hui en France n’auraient pas existé. Ce grand homme a commencé par un studio ambulant sur roues, son camion laboratoire. Un petit espace où il tatouait clandestinement toutes les petites villes françaises. Dans les années 60, alors que le tatouage n’était pas encore autorisé en France, une idée lui vient en tête. Il voulait ouvrir un salon de tatouage, et ce de manière légale.

Dans un reportage exclusif de l’INA, Bruno a raconté : « En entrant en France, j’ai tenté de me déclarer tatoueur pour voir si c’est possible parce que tout le monde disait en France que le tatouage était interdit ». À cette époque, seuls les bourreaux avaient le droit de se tatouer. Cuzzicoli disait même avec humour que s’il s’était déclaré apprenti bourreau, il aurait pu ouvrir plus vite une boutique. 

Le tatouage était une toute autre chose, il ne véhiculait que des choses négatives et le combat était dur. Finalement, Bruno obtient une autorisation de la préfecture et ouvre son salon le 2 octobre 1962 à Pigalle.  

« Je me suis déclaré comme dessinateur intradermique. Et là ça a marché comme une lettre à la poste », se souvient-il au micro de l’INA. Ainsi, Bruno Cuzziocoli devient le premier tatoueur légal de France. Non seulement, un salon a été ouvert mais les gens commençaient à voir les dessins intradermiques autrement. Plus tard ont surgi de nombreuses lois régissant l’application du tatouage pour protéger l’individu. Il avait été constaté que certaines d’entre elles étaient permanentes et d’autres nuisibles pour la santé.     

La différence entre Bruno et le tatoueur de « bas-fonds »

Au départ il était connu sous le nom de Bruno Cuzzicoli ou Bruno Koutsikoli, mais en raison des nombreuses fautes sur son nom, il devient « Monsieur Bruno » ou bien « Bruno de Pigalle ». Il faisait même la une des presses locales. 

On comparait Bruno aux tatoueurs clandestins. On disait que chez lui, le travail était plus professionnel, « moins brutal ». L’artiste utilisait des machines électriques pour que les aiguilles ne fassent pas mal. Chez lui, tout était propre, bien rangé, et les outils qu’il utilisait étaient trempés dans des bocaux d’alcool. Bruno est resté le seul tatoueur notable, avec une bonne réputation en France pendant 20 ans.

Bruno est son propre dessinateur, il dessine lui-même la plupart de ses modèles sur du papier waterproof. Une méthode déjà bien professionnelle à cette époque. 

En plus de ses inventions, il propose également des dessins classiques à ses clients. Sa particularité est qu’il a le don de créer un climat amical entre lui et son client. Selon la demande de celui-ci, le tatoueur lui propose un style plus esthétique. Mais le but est toujours de trouver un terrain d’entente entre la demande et son talent. Il sait raffiner, et rectifier en quelque chose de plus jolie ce qu’un client imagine.

Comment Bruno a découvert sa passion pour le tatouage ?

En 1960, Monsieur Bruno fait face à un évènement qui change radicalement sa carrière. Alors qu’il était un jeune marchand, de passage à Hollande pour les affaires, il a été témoin d’un accident de voiture. Ce qui a sauvé les victimes était leurs groupes sanguins tatoués sur leur peau. Il a découvert que de nombreux Hollandais se faisaient tatouer leurs groupes sanguins pour bénéficier sans délai d’une transfusion. Un incident qui l’a mené dans la passion pour le dessin intradermique. Et c’est ainsi que plus tard, il entre dans l’histoire en rendant le tatouage à la portée de tous en France.

Fort de son talent, Bruno de Pigalle opère différents types de tatouage : artistique, esthétique et médical. Un dessin d’ailes d’oiseaux dans le dos, faisant l’effet d’un vol lorsqu’on bouge les épaules fait partie de ses tatouages artistiques préférés. Le tatouage esthétique c’est plutôt pour réparer une malformation naturelle comme une tache de vin ou encore une cicatrice. Quant au tatouage médical, le premier tatoueur de France se souvient d’un tatouage fait sur les rétines d’un aveugle afin d’éviter un regard vide.

Après une longue carrière, il décide de prendre sa retraite en 2012, à l’âge 72 ans après avoir pu former 400 apprentis tatoueurs, qui sont apparemment sa plus grande fierté. En tout cas, les exploits de cet illustre personnage resteront à jamais dans l’histoire. 

A Propos de l'auteur

Tattoocontact

Tattoocontact est un annuaire et un magazine spécialisé dans le monde du tatouage.

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